Carolyn Ryan (CR): Il y a de nombreux changements réglementaires et politiques mondiaux, nationaux et régionaux en cours. Nous sommes dans une période de changement de politique rapide et significatif qui touche pratiquement tout le monde, et cela nous affecte tous un peu différemment. Nous constatons beaucoup de mouvements au niveau national aux États-Unis concernant ces changements fiscaux et, en lien avec cela, notre budget fédéral. Il y a beaucoup de signaux précoces de l'administration publique en matière de déréglementation. Mais le plus important d’entre eux sur lequel tout le monde se concentre, sont les politiques tarifaires. Elles ont un impact mondial, qui se répercute jusqu'au niveau régional et State Street, en tant qu'entreprise mondiale voyons cela partout avec nos clients, tant en termes d'impact direct sur nos clients que sur la manière dont leurs gouvernements régionaux ou étatiques pourraient répondre à ces politiques.
Joe Barry (JB): En termes de développements ayant un impact pour nos clients, je veux dire, qu’il est difficile d’en discuter sans parler de l'approche américaines en matière de tarifs, et des effets perturbateurs pour les marchés. Nous avons tous vu une pause à ce sujet de la part de l'administration Trump. Mais je sais que nos clients avaient beaucoup de préoccupations sur la manière dont les autres juridictions pourraient riposter ou, s'engager avec les États-Unis sur les tarifs. Également la possibilité que les tarifs sur les biens puissent être étendus à un concept élargi incluant les services, serait évidemment assez perturbateur pour nos marchés. Je pense que cela est derrière nous pour le moment. Il y a encore beaucoup de discussions en cours autour des tarifs, et l'administration Trump est passée aux deux autres piliers de leur plan économique, qui sont liés au projet de loi fiscale, soit la législation pour traiter les taxes américaines, et bien sûr un projet plus important, je pense, lié à une approche de déréglementation à travers tout le gouvernement, ce qui aura des impacts significatifs sur les services financiers. Mais l'action réelle, je pense, sera sur des sujets comme la crypto et le numérique, où nous commençons déjà à voir les barrières à l'engagement dans ces entreprises pour les entreprises réglementées abandonner, de même pour les banques américaines. La Réserve fédérale et les autres agences ont les réseaux pour faciliter l'entrée des banques dans cet espace. Également vous savez, beaucoup de changements du côté de la SEC, où vous allez voir un agenda sérieux de la part de la direction actuelle de la SEC pour permettre aux fonds réglementés, aux acteurs non réglementés de la crypto, à toutes autres personnes d'entrer dans l'espace numérique et crypto. Le changement passe par la crypto pour commencer. Mais le passage aux actifs numériques plus généralement, la tokenisation, et tout cela se produira beaucoup plus rapidement maintenant que nous l'aurions pensé sous les administrations précédentes. La deuxième pièce principale à laquelle je pense, et il y en a d'autres, mais la deuxième pièce principale à laquelle je pense est la focalisation sur l'accès accru aux actifs privés à travers le conseil, vous savez, l'espace de détail ou l'espace institutionnel. Il y a des limites aux États-Unis, par exemple, sur la manière dont les fonds de pension peuvent investir dans des actifs privés, selon leur structure. Donc je pense que nous allons voir ce changement. Et donc cela semble être les plus grands changements. Nous verrons. Je pense qu'à la fin de ces quatre années de l'administration Trump, vous savez, en mettant de côté ce qui pourrait arriver du côté des tarifs, je pense que vous allez trouver un système réglementaire beaucoup plus favorable aux actifs numériques, à la crypto et aux actifs privés, à travers le conseil.
CR: Chez State Street, nous cherchons à nous engager et à collaborer avec les décideurs politiques à tous les niveaux - national, mondial et les gouvernements des états et locaux. Nous le faisons en ayant des conversations avec eux. En général, vous savez, nous recherchons tous le même résultat, qui est un système financier sûr et sécurisé. Nous travaillons avec ces décideurs politiques pour leur dire comment les politiques qu'ils envisagent peuvent affecter nos clients ou notre entreprise, et notre capacité à servir nos clients. Nous plaidons pour les politiques que nous pensons maintenir un système financier sûr et sécurisé, mais aussi nous permettre de servir nos clients et de leur fournir les produits et services dont ils ont besoin pour leur propre succès, et pour qu'ils saisissent les opportunités que les développements politiques permettent. Souvent, lorsqu'il y a une question politique particulièrement complexe, nous pouvons collaborer avec nos pairs dans l'industrie, parfois même des clients, et exprimer les impacts aux décideurs politiques. Et lorsqu'il y a un changement vraiment significatif dans l'industrie, nous pouvons parler d'une voix unifiée, ce qui souvent fera avancer les politiques qui sont les meilleures pour nos clients.
JB: En ce qui concerne notre manière d’interagir avec les régulateurs, en général, la première étape pour nous, en tant que State Street et State Street Global Advisors, consiste à enagager un dialogue direct avec les régulateurs dès leur entrée en fonction ici. Et nous l'avons déjà fait avec l'administration Trump. Nous le faisons à Bruxelles, en parallèle des changements de direction. Nous l'avons fait au Royaume-Uni. Nous le faisons dans toutes ces juridictions à mesure que les dirigeants politiques et réglementaires changent. Donc, la première chose que nous faisons est d'évaluer ce qui sert le mieux les intérêts de State Street et ses clients, puis nous allons parler directement aux régulateurs à ce sujet. Mais ce n'est qu’un aspect de notre approche L'autre aspect, vous savez, nous passons beaucoup de temps avec nos pairs,concurrents, nosclients et associations professionnelles. Vous savez, il y en a quelques-unes très bien connues du côté bancaire, du côté de la gestion d'actifs, du côté de la sécurité. Donc, nous passons beaucoup de temps à travailler avec eux parce qu'ils ont tendance à avoir l'expertise technique nécessaire pour développer des propositions assez détaillées que les régulateurs peuvent ensuite adopter. C'est souvent au-delà des capacités d'une seule entreprise parfois de tout mettre en place seule. Et ces associations apportent aussi le poids de l'industrie. Si vous pouvez atteindre un consensus dans l'industrie sur ce qui doit être fait, soit pour soutenir ou s'opposer à une nouvelle politique, selon ce que cela pourrait être, cela a un impact considérable. Je pense que State Street bénéficie, d’une certaine manière, d’un alignement plus fort sur le plan des politiques avec sesconcurrents dans le domaine de la gestion d'actifs, grâce à State Street Global Advisors. Le travail collectif de l’industrie sur ce sujets est un réel avantage. Et ce la est vrai à Washington, mais aussi à Bruxelles, à Londres, à Hong Kong, et ailleurs. La collaboration que nous menons avec nos concurrents, nos pairs et nos clients est ce qui permet vraiment de faire avancer les choses.
CR: Lorsque de nouvelles administrations entrent en fonction, nous, chez State Street, établissons un dialogue étroit avec elles. Grâce à nous sommes en mesure de partager les impacts mondiaux, nationaux, ainsi que ceux à l’échelle des États et des collectivités locales des politiquesenvisagées. Nous pouvons également expliquer comment ces impacts peuvent affecter les marchés financiers et nos clients. Ainsi, les informations recueillies dans le cadre de cette collaboration avec les décideurs politiques et nous permettent d’ anticiper les besoins de nos clients, et développer les produits et solutions nécessaires pour s'adapter à cet environnement et tirer parti des opportunités qu'un changement d'administration peut apporter.
JB : Réfléchissez à la manière dont vous allez communiquer vos priorités aux nouvelles administrations. Il y a plusieurs choses à faire. La première, c’est qu’il faut souvent une approche personnelle. Il s’agit vraiment d’apprendre à connaître les personnes, de comprendre qui fait quoi dans nouvelle administration, quelle que soit la juridiction, et de s’assurer que nous avons les bons contacts personnels, du niveau PDF jusqu’à mon équipe. J’ai une équipe de personnes réparties dans le monde entier, en contact permanent avec les régulateurs et les nouveaux arrivants. Nous en sommes en sore aux premières étapes avec la nouvelles administration Trump, ainsi qu’avec certaines nouvelles directions dans d’autres juridictions. Ensuite, le processus devient un peu plus formel : on rédige des lettres de commentaires, on témoigne lors d’auditions publiques, etc. C’est là qu’on expose en détails les aspect techniques de ce que l’on souhaite. Les conversations sont souvent plus générales, ce qui est bon pour nos clients, pour les marchés, ou pour notre activité. Mais ce dont les régulateurs ont vraiment besoin, ce sont des détails précis : par exemple, dans une règle données, quels mots doivent être modifiés. Ce n’est pas le genre de chose qu’on aborde dans une conversation informelle, cela se fait par écrit, sous forme de propositions concrètes. Nous faisons cela via des lettres de commentaires, des témoignages, ou des soumissions conjointes avec des associations professionnelles. Parfois, nous coordonnons une lettre commune de toutes les banques dépositaires sur un sujet spécifique. Un autres aspect important, c’est d’être perçu par les régulateur comme un acteur capable d’apporter des solutions à des problèmes complexes. Il faut entretenir une relation où l’on est reconnu pour ses idées créatives, rationnelles, utiles. Par exemple, chez State Street, nous passons tellement de temps à discuter des fonds négociés en bourse (FNB) avec les régulateurs que, lorsqu’ils envisagent quelque chose de nouveau dans ce domaine, il nous appellent , ainsi que certains de nos concurrents. Construire des relations solides et avoir la réputation d’être utile, pas seulement pour défendre ses propres intérêts, mais pour faire avancer l’ensemble du secteur, c’est essentiel.